Jardiner la forêt: concevoir un jardin‑forêt tropical au Togo
DESIGNINNOVATIONBIODIVERSITÉARBRES
Stéphane Walger


🌿La permaculture tropicale s'inspire des écosystèmes naturels pour concevoir des espaces agricoles résilients et nourriciers. Le jardin‑forêt est l’une des expressions les plus fascinantes de cette approche : on y imite la structure d’une forêt naturelle en superposant plusieurs strates de végétation, chaque couche jouant un rôle écologique et productif.
Dans cet article, nous allons explorer comment créer un jardin‑forêt en Afrique de l’Ouest — avec un focus sur le Togo — en prenant pour exemple la ferme Aménopé de Agou : un modèle vivant où se combinent arbres fruitiers, légumes, plantes aromatiques et animaux.
Pourquoi un jardin‑forêt ?
Dans les climats tropicaux, les sols se dégradent rapidement lorsqu’ils sont exposés au soleil et à la pluie. Les forêts natives protègent naturellement le sol grâce à une couverture dense et à un cycle continu de matière organique. En imitant cette structure, un jardin‑forêt :
améliore la fertilité des sols par l’apport constant de biomasse (feuilles, branches, racines). Les engrais verts tropicaux tels que mucuna, crotalaria ou le pois sabre peuvent fixer jusqu’à 150 kg N/ha et fournir jusqu’à 50 tonnes/ha de matière organique en seulement quelques mois ;
accroît la biodiversité et la résilience face aux aléas climatiques en diversifiant les niches écologiques;
offre un système productif presque autonome après quelques années, réduisant les besoins en entretien et en intrants.
Aménopé, par exemple, cultive de nombreuses espèces d’arbres (cocotiers, papayers, manguiers, bananiers, goyaviers et corossoliers) associées à des légumes (tomates, gombo, courges) et à des plantes médicinales. Le tout est fertilisé avec du compost et du fumier des animaux de la ferme, montrant qu’un jardin‑forêt peut être intégré à une polyculture animale et maraîchère.
Les 8 strates d’un jardin‑forêt tropical
Canopée : ce sont les grands arbres (8–10 m) qui fournissent de l’ombre et structurent l’espace. Dans la région togolaise, on peut choisir des noyers du Queensland ou des acacias fixateurs d’azote.. Les cocotiers ou les grands manguiers d’Aménopé remplissent ce rôle.
Sous‑canopée (3–8 m) : des arbres fruitiers plus petits comme les papayers, goyaviers et corossoliers. Ils bénéficient de l’ombre partielle de la canopée et produisent rapidement.
Arbustes (1–3 m) : cette couche peut être occupée par des arbustes à baies (arbousier, hibiscus sabdariffa) ou des plantes médicinales comme le moringa..
Herbacée : des cultures vivaces et annuelles (basilic, gombo, piments, gingembre) qui se resèment d’elles‑mêmes..
Couvre‑sol : des plantes rampantes (patate douce, arachide, menthe, thym) qui protègent le sol et étouffent les adventices.
Racines : des plantes à tubercule ou à rhizomes (igname, taro, manioc, ail, gingembre) qui exploitent la profondeur du sol.
Lianes et grimpantes : haricots, cucurbitacées, luffa ou fruit de la passion montent sur les arbres ou les structures et produisent en hauteur.
Champignons (couche mycélienne) : on intègre du bois mort et des inoculums de champignons pour créer une symbiose fongique. Les mycéliums transportent l’eau et les nutriments entre les plantes et produisent des champignons comestible.
Plantes clés pour un jardin‑forêt togolais
Voici quelques suggestions adaptées au climat tropical humide :
Arbres : manguiers, corossoliers, cacaoyers, caramboliers, tamariniers. Les arbres fixateurs d’azote comme millettia ou gliricidia enrichissent le sol et fournissent du bois de chauffage.
Fruitiers de sous‑canopée : papayers, goyaviers, anacardiers.
Arbustes et couvre‑sol : roselle (hibiscus), ananas, oseille de Guinée, plantes aromatiques (basilic africain, citronnelle).
Racines : igname, manioc, taro, colocsia, patate douce.
Lianes : haricot dolique, luffa, gourde serpent (trichosanthes cucumerina).
Lors de la planification, pensez à associer les plantes en guildes : chaque guilde est un groupe de plantes qui s’entraident (fixation d’azote, répulsion des insectes, attraction des pollinisateurs). Par exemple, une guilde autour d’un papayer pourrait inclure des patates douces (couvre‑sol), du basilic (repousse les moustiques), des haricots (fixateurs d’azote) et un bananier (humidificateur).
Engrais verts et gestion des sols
Dans la zone tropicale, la mise en place d’engrais verts est essentielle. Les mucuna (pois sabre) et crotalaria peuvent être semés après la récolte pour couvrir le sol et l’enrichir. Ces plantes produisent énormément de biomasse et fixent l’azote atmosphérique, réduisant les besoins en engrais chimiquesagroforestry.org. Une astuce consiste à couper les engrais verts juste avant la floraison et à les laisser sur place comme paillis (mulch) ; la matière organique se décompose lentement, nourrit le sol et retient l’humidité.
Pour améliorer la fertilité en profondeur, vous pouvez planter des plantes dynamiques accumulatrices (moringa, consoude africaine) qui remontent les nutriments du sous‑sol grâce à leurs racines profondes. Une partie des feuilles peut être régulièrement coupée et utilisée comme paillage autour des arbres fruitiers.
Mise en place progressive
Le jardin‑forêt ne se crée pas en une saison ; il s’installe de manière progressive. Commencez par planter quelques arbres pionniers et des engrais verts pour préparer le sol. Ajoutez ensuite les couches intermédiaires et remplacez les cultures annuelles par des vivaces au fil du temps. Il est conseillé de surveiller le développement de la canopée : si les arbres deviennent trop ombrageux, élaguer pour laisser la lumière atteindre les strates inférieures. À la ferme Aménopé, une telle approche permet d’obtenir un système où les poules profitent de l’ombre des bananiers tandis que les chèvres broutent les légumineuses sauvages : un cercle vertueux où chaque élément soutient les autres.
Conclusion 💚
Créer un jardin‑forêt tropical au Togo demande de l’observation, de la patience et une bonne connaissance des plantes locales. En imitant les forêts naturelles, on obtient un écosystème productif et résilient, riche en fruits, légumes, racines et herbes aromatiques. La ferme Aménopé constitue un exemple inspirant : leur verger polyculturel, leur compost et leur intégration d’animaux démontrent qu’une approche agroforestière peut être à la fois productive et respectueuse de l’environnement. En suivant ces principes et en expérimentant avec les guildes et les engrais verts, votre jardin‑forêt deviendra un paradis comestible durable.
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Ferme Aménopé Togo
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Agou-Nyogbo Sud
Kloto, Togo
Aménopé est une micro-ferme permacole en polyculture et élevage située à Agou-Nyogbo, au pied du Mont Agou, dans la région des Plateaux au Togo.
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