Clôtures vivantes et haies vives : une solution agroécologique protectrice et productive au Togo
BIODIVERSITÉDESIGNARBRES
Stéphane Walger


Dans les paysages du Togo, la première image qui vient à l’esprit lorsqu’on parle de clôture est souvent celle d’un mur en parpaings ou de grillage métallique. Pourtant, les cultures traditionnelles utilisent depuis longtemps des clôtures vivantes – des rangées de plantes densément disposées servant à la fois de barrière, d’écosystème et de ressource. À la ferme Aménopé, où la permaculture tropicale est au cœur du projet, la mise en place de haies vives s’inscrit naturellement comme suite logique aux swales, jardins-forêts et systèmes d’aquaculture déjà expérimentés.
Pourquoi privilégier une haie vive ?
Une haie vive ou bio‑clôture est constituée d’arbustes, de lianes ou de plantes sarmenteuses plantées en bordure de champs. C’est une structure auto‑régénérante, transmise de génération en génération, qui se consolide par simple taille et tressage. Loin d’être un simple écran végétal, elle remplit plusieurs fonctions :
Intimité et filtrage de la pollution : des espèces à feuillage dense créent une zone tampon visuelle et acoustique. Dans l’article du site Permaculture Plants, on explique que des haies composées d’arbustes et de herbacées fournissent un rempart contre le bruit et la poussière, notamment le long des routes.
Protection contre le bétail et la faune : des barrières de plantes épineuses (moringa, kapokier épineux, sesbania, bougainvillier) dissuadent chèvres et vaches d’entrer dans les cultures. Cette déflection est citée comme une des fonctions principales des haies vivantes dans les pays d’Afrique et d’Inde.
Brise‑vent et microclimat : en plantant successivement des arbustes, des arbres moyens puis des arbres plus hauts, la haie vive fonctionne comme un brise‑vent filtrant. Elle ralentit les rafales et réduit l’évaporation, créant un microclimat stable propice aux cultures environnantes. Cela se traduit par moins de stress hydrique, des sols plus frais et un meilleur développement racinaire.
Santé des sols et lutte contre l’érosion : la densité des racines et le couvert végétal limitent l’érosion et conservent l’humidité. Le même article souligne que les haies réduisent la perte de sol grâce à des racines qui fixent la terre et fournissent régulièrement du mulch à travers la chute de feuilles. L’utilisation de vetiver ou de bambou sur des talus est particulièrement efficace pour stabiliser des terrasses ou des swales.
Création d’habitat et de biodiversité : l’effet de bordure (edge effect) engendré par la haie augmente la diversité d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères. Le texte précise que ces clôtures attirent des pollinisateurs et des auxiliaires comme les oiseaux et les lézards, créant un micro‑écosystème riche et résilient.
Ressources alimentaires et médicinales : une haie vive peut être un véritable jardin linéaire. On y intègre des espèces à fruits (carissa, goyave, mûrier), à légumes grimpants (igname, haricot), des plantes médicinales (basilic, moringa) et des fourrages (sesbania, grewia), qui fournissent nourriture et revenus. Ces récoltes peuvent être partagées ou vendues localement, renforçant l’autonomie de la communauté.
Choisir les espèces adaptées au contexte togolais
Pour réussir une haie vive au Togo, il est essentiel de s’inspirer du concept des couches (système du jardin‑forêt) pratiqué par la ferme Aménopé. On associe des plantes à différentes hauteurs :
Couche supérieure : arbres fixateurs d’azote comme le Gliricidia sepium, le Leucaena leucocephala ou le Albizia lebbeck, qui fournissent ombre et biomasse. Leur bois peut être taillé pour du bois de chauffe.
Couche moyenne : arbustes fruitiers et médicinaux (moringa, goyave, karité, citronnier), vignes comestibles (ignames, haricots grimpants) et plantes épineuses pour la sécurité (bougainvillier, euphorbia).
Couche basse : herbacées couvre‑sol (vétiver pour l’érosion, citronnelle, pourpier) et fleurs insectifuges (tagètes, basilic sacré).
L’espacement dépend des espèces et du but recherché, mais dans la plupart des cas on plante serré (50 à 100 cm) afin d’obtenir rapidement une barrière continue. Les plants sont maintenus par des tailles régulières ; les tiges coupées servent de paillage ou de bois de service. La ferme Aménopé expérimente par exemple l’association du moringa oleifera et du vetiver en bordure de ses jardins, ce qui protège les cultures vivrières des chèvres tout en produisant du fourrage et des graines comestibles.
Mise en œuvre et entretien
La création d’une haie vive suit une démarche proche des principes de conception en permaculture :
Observation et interaction : l’article sur Permaculture Plants rappelle qu’il faut analyser son site : type de sol, direction des vents dominants, climat, parcours des animaux, hauteur souhaitée. Cette observation permet de choisir des espèces adaptées et de définir l’espacement.
Plantation et paillage : on creuse une tranchée, on y installe les boutures ou jeunes plants, puis on paille abondamment pour conserver l’humidité. En zone tropicale, la période de plantation idéale est à la fin de la saison sèche afin que les racines s’établissent avant les pluies.
Taille et tressage : une taille régulière densifie la haie et stimule la production de feuilles. Les tiges peuvent être entrelacées pour rendre la clôture plus résistante et produire du bois de chauffe.
Intégration sociale : dans de nombreuses régions, les clôtures vivantes sont construites et entretenues collectivement. L’article souligne que ces infrastructures encouragent la participation communautaire et la gestion collective des ressources.
Un levier de résilience pour l’Afrique de l’Ouest
Dans un contexte de changement climatique où les vents violents, l’érosion et la perte de biodiversité sont des défis majeurs, les haies vives offrent une solution locale. Elles améliorent la fertilité des sols, créent des microclimats favorables et fournissent une source durable de nourriture et de revenus. La ferme Aménopé projette de développer des clôtures comestibles autour de ses nouvelles parcelles de maraîchage, démontrant ainsi que la permaculture tropicale peut transformer de simples limites en véritables corridors écologiques.
Avec un peu de patience et beaucoup d’observation, chaque ferme ou maison togolaise peut retrouver le savoir‑faire ancestral des haies vives et contribuer à la régénération des paysages. Comme le dit le proverbe, “les bonnes clôtures font les bons voisins” – mais lorsqu’elles sont vivantes, elles font aussi de bons habitats, un bon microclimat et de bonnes récoltes !
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Ferme Aménopé Togo
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Kloto, Togo
Aménopé est une micro-ferme permacole en polyculture et élevage située à Agou-Nyogbo, au pied du Mont Agou, dans la région des Plateaux au Togo.
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